lundi 25 juin 2018

Une opération pour renaître.




Parfois, il faut apprendre à demander de l'aide.

Cette phrase est sans doute toute bête, mais cela est pourtant plus facile à dire qu'à faire. Demander de l'aide, je l'ai fait il y a deux ans de cela. Il m'a fallu un déclic pour faire une telle chose, mais ce déclic a changé ma vie. Quel déclic? J'ai frôlé la mort il y a 4 ans. Un déclic à retardement me diriez vous, mais oui, il m'a fallut deux ans pour me faire à l'idée que je n'y arriverai pas seule.
Parce que j'avais peur de me confier sur un problème de santé, parce que je refusais de l'aide, sans doute trop fière pour faire une telle chose. Pourtant sur ce lit, alors que les visages inquiets de mes parents étaient positionnés au-dessus de moi, je n'ai pas su tout de suite que je prendrai deux ans plus tard une décision qui est bonne pour ma santé.

Dans quelques semaines, je vais avoir une chirurgie bariatrique. Pour ceux et celle qui ne le savent pas, il s'agit d'enlever une partie de l'estomac pour perdre plus facilement du poids. Certains diront « solution de facilité » d'autres diront que c'est super, d'autre encore diront qu'on peut s'en passer.
Sachez juste que je suis en accord avec moi-même et que ma décision est mûrement réfléchie. Si cela n'avait pas été le cas, croyez vous que j'aurai tenue deux années à me faire analyser par tout un panel de docteur ? Non. La chirurgie bariatrique arrive au moment où le suivi médical est en échec....et malheureusement pour moi.... le suivit médical est un véritable échec. Non ce n'est pas une solution de facilité. Vous pensez sincèrement que si j'avais pu maigrir seule j'aurai envisagé cette solution ? La réponse est non. Mais à un point où ma santé est en danger, il faut agir.

Excusez-moi l'expression, mais il faut avoir "des couilles" pour décider un beau jour de s'amputer d'une part d'un organe sain pour mieux vivre... et je parle en connaissance de cause... ma grand-mère est décédé l'an dernier d'un cancer de l'estomac. Parfois je doute, je me dis, « et si ça m'arrivait à moi aussi ? » mais de toute façon je sais que si je ne fais pas quelque chose maintenant, ma vie sera de toute façon compliquée avec toutes les maladies liées à l'obésité.

Obésité.... je n'aime pas ce terme ….. c'est un terme tellement disgracieux, qui te fait comprendre que tu n'es pas dans la norme « Quand on est gros, on ne peut pas être heureux » au cours de cette année j'ai entendu plusieurs fois dire ça, je n'ai pas envie de donner raison à cette personne, je suis grosse et dans ma vie, je suis heureuse, j'ai une famille extraordinaire, j'ai des amies merveilleuses, j'ai des passions qui me portent, j'ai même des projets d'avenir qui me plaisent et que j'envisage un jour de réaliser. Non quand on est gros on peut être heureux, par contre , quand on est obèse et malade, c'est autre chose. La maladie gâche tout. La maladie vous donne des coups de mou par moment, la maladie vous fait parfois baisser les bras.

La chirurgie n'est qu'un outil. C'est l'outil que les chirurgiens nous donnent pour pouvoir faire le travail. La chirurgie aide pour 10 % de l'amaigrissement. Les 90 % restants...c'est bibi qui les fournis. C'est sur que si tu te fais opérer et que tu bouffes un poulet entier juste après ça n'aura pas les mêmes résultats que si tu manges un repas sain et en petite portion. ( je vous assure que les personnes qui mangent un poulet entier après la sleeve existe, j'ai rencontré cette personne et sa faculté à avaler un poulet devant mes yeux m'a un peu choqué). Oui l'estomac est un muscle qui se distant, si vous mangez trop, cela remet au fil du temps son estomac dans son état d'origine, le plus souvent... les personnes qui font de telles choses doivent se refaire opérer.... mais le muscle de l'estomac n'est pas non plus capable déformer éternellement...le jour où il n'y a plus de tissus...c'est terminé.

Lorsque l'on fait le choix de la chirurgie bariatrique.. on nous propose trois opérations bien distinctes. L'anneau gastrique, la Sleeve, ou le Bypass. Pour les personnes qui souhaitet un jour faire cela.... sachez que le chirurgien peut vous guider mais jamais vous imposer une opération. C'est votre corps et vous seul prenez les décisions sur le choix de l'opération. L'anneau n'est quasiment plus pratiqué. Aussi votre choix se portera surtout sur le sleeve ou le bypass. Mon choix s'est porté sur la sleeve, cette opération bien qu'importante m'effrayait moins que le bypass. Mon opération implique donc de me retirer deux tiers de l'estomac. Le dernier tiers restant sera l'équivalent en terme de contenance d'un pot de yaourt. C'est peu, très peu mais c'est à cela que consiste l'opération, proportionner les aliments afin de pouvoir perdre du poids plus facilement tout cela bien entendu complété par une activité physique régulière. 





Venant en maintenant aux différents rendez-vous au cours de ces deux ans, psychiatres, TOGD, nutritionniste, diététicienne, endocrinologue, fibroscopie, chirurgien, hospitalisation de semaine, apnée du sommeil, impédancemétrie, calorimétrie, échographie, prises de sang, j'ai eu droit à tout un panel de professionnel de santé. En deux années je n'ai pas vu moins de 5 nutritionnistes différents (difficile de dire aux autres professionnels qui était mon nutritionniste attitré, je ne l'ai appris qu'il y a un mois c'est pour dire.) tous ces différents professionnels de santé, tous ses rendez-vous servent à savoir si oui ou non tu es apte à avoir cette opération. Tout un tas de test servant à savoir si je ne manquais de rien ,si je ne n'avais pas de malformation, si je n'avais pas de bactérie dans l'estomac, si je n'ai pas de problème dans le système digestif etc … 
Si l'on me demande quel a été mon pire rendez-vous, je répondrai sans la moindre hésitation que la fibroscopie a été la pire. Non rassurez vous, ce n'est pas douloureux, mais oui ...c'est très dérangeant, sentir ce tuyau descendre dans ma gorge jusqu'à mon estomac n'a pas été un véritable plaisir, je ne dirai pas que j'ai eu mal ( bien qu'ayant eu par la suite des petits maux à l'estomac en raison de l'irritation) , je dirais cependant que je l'ai mal vécu. Mais cela est du passé à présent, un simple rendez-vous désagréable à passer pour s'octroyer un ticket vers une vie meilleure sans les kilos ensuite.

Un point important que j'aimerais aborder à présent … «  un corps sain dans un esprit sain » ... cette citation n'est pas à prendre à la légère, si dans la tête ça ne va pas, le corps non plus n'ira pas et j'en ai fait les frais. Cette année n'a pas été facile pour moi. Ma mamie et mon papy ont déployé leurs ailes d'anges pour rejoindre les cieux. Cela m'a rongé intérieurement. J'avais perdu pas mal de poids avant d'apprendre la nouvelle pour ma grand-mère, mais suite à cette annonce ...ce fut la chute libre …. mon grand-père a suivi 3 mois plus tard et cela m'a fait totalement sombrer dans une sorte de dépression dont j'ai énormément de mal à me sortir. Peut être est ce pour cela que les médecins reculent sans cesse le moment fatidique où je me ferai opérer, car si je pars malheureuse, la perte de poids ne sera pas facile. 
Je vais mieux, bien qu'il m'arrive parfois de faire des petites rechutes où mon moral ne suit pas, je vais bien. Le moral est à mes yeux un point toutefois important, ne pas se laisser aller, ne pas rester seule, parler, sortir, allez voir sa famille, ses amies... pendant un long moment j'ai perdu le goût à tout cela, je restais seule, prostrée, j'étais malheureuse. Je suis toujours malheureuse la perte d'une personne que l'on aime ne guérit jamais tout à fait, mais alors …imaginez la perte de deux personnes que l'on aime coup sur coup. Il y a en moi une blessure qui ne guérit pas, elle ne guérira sans doute jamais, mais il faut continuer à vivre, recommencer à être heureuse. Pendant plusieurs mois, mes rires, mes sourires étaient faux, faire bonne figure ne veut pas dire que ça va mieux. 

Il faut donc se ressaisir et encore plus lorsque comme moi on fait le choix de faire une opération. Le suivi psychologique est très important dans ce genre d'intervention. On maigrit tellement vite dans les premiers temps qu'il peut arriver qu'on se rejette soi-même, qu'on déteste notre corps, nos décisions. C'est pour cela qu'un suivi est instauré avant et après l'opération pour apprendre à s'aimer, apprendre à être en accords avec notre propre corps et avoir une image moins dégoûtée de soi.

La sleeve est pour moi le dernier espoir, ce dernier petit point lumineux dans mon esprit pour m'aider à accéder à la vie de mes rêves, je ne veux pas d'une taille 36, je ne veux pas non plus être maigre à ne plus supporter mon image, je ne me fixe pas spécialement un poids rêvé. Non cela ne sert à rien et ne va en aucun cas nous aider. Je me fixe seulement l'objectif de trouver un poids où je me sentirai bien dans ma peau, où je m'accepterai un peu plus et qui aidera mon corps à plus supporter mes autres problèmes de santé, ces problèmes qui sont la principale cause de cette décision d'opération.

Beaucoup de gens avec qui j'ai parlé et qui ont fait cette opération m'ont dit la même chose «si c’était à refaire, je le ferai » , «  c'est une deuxième naissance pour moi »
Reste à voir si ces phrases seront valables pour moi aussi ?

Rendez-vous après l'opération.

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